Formé en Zambie en 1973, Amanaz est un groupe de Zam-rock qui sent bon Woodstock et le psychédélisme : un chef d’oeuvre à l’or aussi jaune et rayonnant que sa pochette.
Africa est un mélande aigre-doux de rock californien pimenté de rythmes locaux chantés en bemba, dialecte bantou que l’on retrouve sur des chansons comme Africa, Kale, ou Nsunka Lwedo. Le reste des titres, entonnés en anglais et fortement influencés par les sommités du paysage musical de 1969 (Jimi Hendrix en tête, mais aussi Santana et Bob Dylan), ont le charme authentique de ces musiques qui semblent enregistrées dans un garage. Saturé, immédiat, instinctif, le son d’Africa est celui de la Beat Generation : jamais linéaire, tantôt folk (Khala My Friend), un peu punk (Big Enough) et voire carrément rock (Easy Street), cet opus est un diamant brut non poli par des arrangements consciencieux.
Irrésistible et portée par des guitares fuzz, la voix profonde du chanteur Keith Kabwe a la puissance tragique des conteurs africains qui chantent l’injustice et la rébellion :
Lemme tell you something new
About the history of the man
He’s got nothing to lose
L’aventure Africa tournera court : Kabwe se consacrera à la vie agricole, et les autres membres de ce groupe éphémère disparaîtront, excepté le guitariste Isaac Mpofu. On aurait espéré que ce groupe si chaleureux et vivant jouisse d’une destinée similaire à celle de Sixto Rodriguez, qui a connu un succès à retardement. Il n’en sera rien ici, Amanaz restera à jamais une comète dans le paysage du rock progressif : fugace, incandescente et mémorable.